
Les Landes pour paysage, avec leurs sols sablonneux où s’épanouissent les vignes, une belle ferme gasconne pour déguster et des barriques dorées sagement alignées… le décor est planté ! Au pays du Bas-Armagnac, l’une des trois zones de production de cette eau-de-vie, le Domaine de Marquestau a choisi d’allier modernité et tradition.
C’est une histoire de famille et de passion, comme bien souvent dans le sud-ouest. En 2013, Jean-Michel Lamothe décide de reprendre l’exploitation familiale implantée à Hontanx , à 20 km de Mont-de-Marsan (40). En créant le Domaine de Marquestau, il ne part pas seul à l’aventure, solidement entouré par des associés originaires de la région. Ensemble, ils partagent le goût du challenge, l’attachement à ces terres landaises et l’amour des produits du terroir.



Un VSOP (Very Special Old Pale*) plus vieux… et plus rond
Leur pari est audacieux : rendre l’Armagnac plus accessible à tous les palais, en misant sur un vieillissement supérieur à celui exigé par l’appellation d’origine contrôlée (AOC) Armagnac. Explications de Paul Talon, Directeur commercial du domaine.
« L’Armagnac est une eau-de-vie de vin qui est distillée sur place et devient l’Armagnac après avoir passé au moins un an en fût de chêne. Il faut 4 ans de vieillissement pour obtenir un VSOP. À Marquestau, nous avons choisi de doubler cette durée. »
« Nos eaux-de-vie maturent 8 ans en barrique. Pourquoi ? Pour proposer aux consommateurs un Armagnac moins alcoolisé en bouche, plus facile à déguster car le fût de chêne arrondit le goût. »
Avec son VSOP de 8 ans d’âge, Marquestau a donc décidé de démocratiser l’Armagnac ! Dans la foulée, leur Armagnac XO vieillit tranquillement 12 ans en barrique, là où l’AOC n’en exige que 10. Et pour pousser jusqu’au bout la recherche d’excellence, leurs cuvées millésimes se bonifient en fût toute leur vie, pendant au moins 20 ans, en attendant d’être mises en bouteille à la demande pour le plus grand bonheur de clients VIP, sommeliers ou restaurants gastronomiques.
* qualité très supérieure, vieille et pâle. Le VSOP, c’est l’équilibre des arômes de fruits cuits, parfois confits et de notes boisées, épicées.

Sur les traces des bouilleurs de cru
Comment nait l’Armagnac ? Pour comprendre, rendez-vous un soir de décembre où voisins, amis, familles et professionnels ont tous répondu présents à l’invitation. « C’est un moment-phare pour nous, reconnait Paul, où nous convions nos proches et nos revendeurs à venir déguster la blanche. » La star de la journée, c’est l’alambic, un géant de cuivre et de feu qui chauffe le vin et condense à travers ses colonnes les vapeurs des assemblages des cépages Ugni Blanc et Baco. En sortie d’alambic, l’eau-de-vie affiche 54° d’alcool minimum. Elle est totalement transparente, d’où son nom de « blanche ». Les barriques de chêne se chargeront d’apporter couleur et arômes par la suite.
Dans le Gers et les Landes, les bouilleurs de cru passent dans tous les domaines pour distiller l’Armagnac sur place, dans la période autorisée par l’AOC du 1er novembre au 31 mars. Paul revient sur cette période cruciale dans l’élaboration de l’Armagnac : « D’une année sur l’autre, nous nous organisons entre nous pour réserver les bouilleurs de cru. Une fois que l’alambic est allumé, ils ne l’éteignent pas ! Pendant 7 jours et 7 nuits, ils se relaient toutes les 12 heures, alimentent le feu de bois et surveillent le degré d’alcool en sortie de distillation. »

Sprititourisme et influence hispanique
Les associés de Marquestau ne manquent d’idées pour promouvoir leur Bas-Armagnac. Désireux de se positionner en tant qu’acteurs du développement de leur territoire, ils ont pour projet de mettre en place des circuits de spiritourisme. Comme le constate Paul, « tout le monde connait l’œnotourisme autour du vin, mais cela ne ressemble pas à ce que nous sommes. Nous allons créer ici, dans les Landes, des animations spécifiques à la fabrication d’eaux-de-vie, pour mieux valoriser notre terroir, nos techniques de distillation, et tout le savoir-faire attaché à la production d’un Armagnac AOC. » Cette naissance du spiritourisme est à suivre attentivement, avec visite des propriétés, dégustation et soirées thématiques.
Les innovations ne s’arrêtent pas là ! Pour séduire un public féminin et les jeunes adultes, peu consommateurs de digestifs, Marquestau a sorti un nouveau produit, qui révolutionne le petit monde de l’Armagnac. « Clandestino » est un spiritueux, imaginé pour être bu à l’apéritif ou utilisé dans des cocktails, avec modération bien entendu. Sa formule ? Une solide base d’armagnac VSOP 8 ans d’âge, aromatisée au sucre d’agave bio et à la vanille de Madagascar. Du nom au packaging, les codes rappellent ceux du rhum et renvoient à une culture plus exotique. Même s’il avance masqué, Clandestino parviendra peut-être à amener vers l’Armagnac VSOP une nouvelle clientèle.
