Le verger magnifique de Jacquou
Par Guélia Pevzner
Benoit Ménard élève en bio 85 agneaux qui se promènent dans un verger plein vent et profitent des fruits tombés de 40 variétés de cerisiers, 42 de poiriers, 80 de pommiers et 25 de pêchers, variétés toutes anciennes, développées à l’aide du Conservatoire d’Aquitaine. Quatrième génération de producteurs de St Chamassy, il a choisi le bio par conviction, pour « planter comme avant, sans arrosage, ni additif, ni pesticide ». Les fruits des quelques 950 arbres, les légumes de saison, ainsi que l’agneau frais sont vendus directement à la ferme.

La ferme de Jacquou est bien cachée dans le paysage périgourdin à mi-chemin entre Bergerac et Sarlat. Les routes sinueuses mènent d’abord jusqu’au Bugue, ensuite l’une d’entre elles  traverse la Dordogne pour trouver le village de  St Chamassy. Commune de quelques 530 habitants, elle mérite d’abord que l’on s’arrête devant son église du XVème siècle. Le soleil couchant sur la colline voisine, quelques maisons en pierre brute avec leurs jardins et les vieux pruniers offrant leurs fruits à tout passant, tout donne ici cet heureux et rare sentiment d’avoir pu échapper au temps.

La ferme n’est plus très loin, elle se trouve à l’entrée du village. Benoit Ménard y travaille seul. Originaire de St Chamassy, il est le représentant de la cinquième génération des propriétaires de l’exploitation. Avec sa queue de cheval, il ressemble plutôt à un ranger dans son ranch, image assez inattendue dans un pays où on s’attend plutôt à un béret.

Et pourtant les traditions ici sont bien plus que respectées: les 85 agneaux se promènent directement dans le verger profitant des fruits qui tombent de quelques 960 arbres. Ils sont tous de variétés anciennes, choisies à l’aide du Conservatoire d’Aquitaine : 40 variétés de cerises, 42 de poires, 80 de pommes, 25 de pêches, mais également des néfliers, des brugnons, des châtaigniers, des noyers, des abricotiers, des cognassiers, et autres. Le verger de la ferme participe à la réintroduction dans le paysage de ces arbres fruitiers, trop longtemps oubliés et qui sont un patrimoine à protéger.

«Je voulais planter le verger plein vent »
Inutile de demander si les plantations sont bio, ne serait-ce que les distances entre les arbres et les branches remplies de fruits montrent que tout est en harmonie avec le milieu naturel. « Je voulais planter le verger plein vent, comme on plantait avant, directement dans les prés, sans arrosage, chaque arbre assez isolé. Il y en a encore beaucoup des vergers comme ça en Suisse et même chez nous, en Normandie. Alors le choix de l’agriculture biologique s’imposait, aussi bien par rapport aux arbres qu’aux animaux. Les arbres vont avoir besoin de trois à dix ans pour produire normalement et ils vont devenir très grands, mais ils ont aussi une vie productive plus longue. Les agneaux sont nourris avec le foin issu de mes propres près et avec les céréales que je produis ici. C’est seulement en décembre, période des naissances, que le troupeau est dans la bergerie. Dès que la belle saison revient, il retrouve les prés. »

Les fraises blanches au pied des framboisiers
Le potager de 200 m2 est également conçu pour les variétés anciennes, en été ce sont les fraises blanches qui sont à l’honneur. La disposition des buttes « en étages » facilite le ramassage, elles montent presque à hauteur d’homme. Et la biodiversité est en marche, les légumes sont plantés aux pieds des framboisiers, des kiwis et des myrtilliers. Benoit Ménard évoque le livre « Le jardin naturel » de Jean-Marie Lespinasse qui l’a inspiré pour cet investissement.

« La demande va grandir »
Le choix du bio s’explique également par des contraintes économiques, même si Benoit se dit surtout être attaché à des méthodes naturelles. «Quand on produit en conventionnel, on est obligé de vendre en gros, et accepter le prix qu’on vous propose. Trente centimes au kilo pour les pommes qui se retrouvent aux étals à 1 euros 50, il y a un problème de calcul, il me semble.  En bio, c’est moi qui décide du prix.» Benoit est persuadé  que pour les produits de sa ferme, la demande va grandir : « Toutes les questions que les gens se posent sur la santé et la sécurité alimentaire, mènent vers une agriculture plus saine, plus naturelle. » Pour le moment, les clients ne manquent pas. Benoit vend les fruits et les légumes, ainsi que la viande d’agneaux directement à la ferme et dans la boutique des producteurs au Bugue. On peut le trouver également en juillet et aout sur les marchés nocturnes.

Un article produit dans le cadre de l’application Adresses Gourmandes.

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