
En 2020, Isabelle Bouyt a choisi la voie de la reconversion, passant du monde des RH à celui de l’apiculture. Tout a commencé en posant 2 ruches au fond de son jardin et en se formant aux techniques apicoles. Depuis, cette entrepreneuse multiplie les découvertes et les expériences, sans aucun regret pour sa vie d’avant.
Objectif 200 ruches
Basée à Ussac près de Brive-la-Gaillarde (19), son exploitation « Le Miel de Clem » comprend actuellement 135 ruches, installées dans toute la Corrèze. Selon les floraisons locales, Isabelle produit des miels de châtaignier, d’acacia, de pissenlit, de forêt…
« Cette année, j’ai même fait de la transhumance en transportant les ruches vers des départements voisins, pour que mes abeilles puissent butiner du tournesol et de la luzerne. »
De mars à octobre, Isabelle court partout, surveillant son cheptel avec attention. « C’est un élevage comme un autre, avec des besoins en nourriture et l’exposition à des risques. Tous les apiculteurs constatent une forte mortalité dans les colonies. Il y a d’abord les menaces permanentes du frelon asiatique, installé durablement sur nos territoires, et celle du varroa, un parasite très répandu. La météo influe beaucoup également sur la santé de la ruche. Les abeilles craignent l’humidité par exemple, favorisant l’apparition de maladies. » Malgré ces difficultés, l’apicultrice augmente chaque année son cheptel, qu’elle souhaite encore développer pour atteindre 200 ruches.
En pleine saison, la voici donc parcourant la Corrèze avec tous les équipements nécessaires : des hausses pour rajouter un étage à la ruche et pouvoir récolter le miel, des cadres servant à créer un essaim, des ruchettes utiles pour prélever un couvain et fonder ainsi une nouvelle colonie, des partitions isolantes afin d’adapter l’habitat à la taille de la population… « C’est un insecte fascinant, j’apprends tous les jours », reconnait-elle.

La hiérarchie de la colonie
Isabelle est sans cesse émerveillée par l’ingéniosité de ces petites bêtes et la complexité de leur organisation, réglée au millimètre. Il faut dire qu’en période estivale, chaque ruche héberge environ 50 000 abeilles… qui gravitent autour d’une seule reine. Celle-ci est très affairée, puisqu’elle pond en moyenne 1000 œufs par jour ! 20 jours après la ponte, chaque abeille sait, dès l’éclosion, ce qu’elle doit faire.
Selon son âge, elle va occuper 7 métiers différents, tous essentiels à la collectivité. Les plus jeunes débutent par le nettoyage des cellules et de la ruche, puis elles deviennent nourrices des larves, avant d’être promues cirières et créer la précieuse cire. 4e étape : manutentionnaires, une tâche à forte valeur ajoutée pour celles qui récupèrent et transforment pollen et nectar. Vient le 5e poste, celui des ventileuses chargées de réguler la température à l’entrée de la ruche. Elles restent d’ailleurs à cette position pour assurer leur mission suivante, qui consiste à garder et défendre l’habitat contre les intrus. Enfin, à la fin de sa vie, l’abeille devient butineuse. Elle se livre alors avec délices aux joies du butinage. Revers de la médaille, les butineuses sont les plus exposées aux attaques des frelons asiatiques, qui les attendent lorsqu’elles arrivent lourdes de pollen et de nectar.
Nougat, bonbons, bougies, ateliers, marchés…
À l’instar de ses abeilles, Isabelle a plusieurs vies ! Pour générer des revenus complémentaires à la vente du miel, elle fabrique elle-même des produits dérivés, utilisant à profit toutes les ressources de la ruche : bonbons au miel ou à la propolis, pain d’épices, nougat, bougies, savons… Elle profite souvent de la période creuse pour assurer ces transformations, tout en effectuant par ailleurs la comptabilité de l’exploitation, le suivi administratif, l’actualisation de ses réseaux sociaux et les démarchages commerciaux afin de développer son activité pédagogique.

Car l’apicultrice anime également des ateliers auprès d’enfants ou du grand public.
« J’interviens dans les centres aérés et je me déplace dans des campings où j’ai installé des ruches. J’apprécie des moments d’échange et le fait de transmettre ma passion pour ce métier. »
Sa récente adhésion au réseau « Bienvenue à la ferme » lui ouvre de nouveaux horizons pour augmenter sa visibilité, participer à des événements et recevoir du public à domicile. À cette fin, elle aménage un espace de vente chez elle, qui complétera les visites de son atelier de transformation. « Prendre appui sur cette dynamique de réseau fait partie de mes objectifs de développement à venir, je suis encore en phase de découverte, mais je souscris totalement aux valeurs de Bienvenue à la ferme : offrir un accueil personnalisé pour promouvoir des produits fermiers de qualité, issus de nos terroirs. »

Jamais à court de projets, Isabelle envisage également de lancer un site marchand, pour commercialiser ses produits en ligne. Et comme ses journées sont décidément à rallonge, on la voit aussi le samedi matin sous la halle du marché de Brive, dans les marchés de pays et les manifestations festives nombreuses en Corrèze l’été. Foire à la châtaigne, fête de la framboise ? Vous êtes sûr d’y trouver le stand du Miel de Clem !